La première règle et la plus fondamentale est de considérer les faits sociaux comme des choses. Continuer la lecture
Le thème de cette conférence sera ce que j’ai l’habitude d’appeler, faute d’un meilleur nom, « le troisième monde ». Pour expliquer cette expression, je ferai observer que, sans prendre trop au sérieux les mots «monde» ou «univers», nous sommes en droit de distinguer les trois mondes ou univers suivants : premièrement, le monde des objets physiques ou des états physiques ; deuxièmement, le monde des états de conscience, ou des états mentaux, ou peut-être des dispositions comportementales à l’action ; et troisièmement, le monde des contenus objectifs de pensée, qui est surtout le monde de la pensée scientifique, de la pensée poétique et des oeuvres d’art. (…) Continuer la lecture
Au fond, la perspective propre aux sciences sociales pourrait être condensée dans la devise que prête le romancier Georges Simenon au commissaire Maigret. Cette devise, qui est aussi celle du romancier qui se fait interprète des histoires individuelles et de leurs crises, est la suivante : « Comprendre et ne pas juger. » Continuer la lecture
L’idée que la science peut, et doit être organisée selon des règles fixes et universelles est à la fois utopique et pernicieuse. Elle est utopique, car elle implique une conception trop simple des aptitudes de l’homme et des circonstances qui encouragent, ou causent, leur développement. Et elle est pernicieuse en ce que la tentative d’imposer de telles règles ne peut manquer de n’augmenter nos qualifications professionnelles qu’aux dépens de notre humanité. En outre, une telle idée est préjudiciable à la science, car elle néglige les conditions physiques et historiques complexes qui influencent en réalité le changement scientifique. (…) Toutes les méthodologies ont leurs limites, et la seule “règle” qui survit, c’est : « Tout est bon. » (…) Continuer la lecture
En décembre 2018, Ulysse Manhes, étudiant en CPES2 à l’université PSL, a créé cet essai vidéo consacré à l’analyse philosophique du film “L’auberge espagnole”, sur le syndrome du touriste. Continuer la lecture
Exercice d’analyse conceptuelle : Continuer la lecture
Exercice d’analyse conceptuelle : Continuer la lecture
En effet, quel est le bien qui puisse appartenir à un homme, si un ouvrage d’esprit, le fruit unique de son éducation, de ses études, de ses veilles, de son temps, de ses recherches, de ses observations ; si les plus belles heures, les plus beaux moments de sa vie ; si ses propres pensées, les sentiments de son cœur, la portion de lui-même la plus précieuse, celle qui ne périt point, celle qui l’immortalise, ne lui appartient pas ? Quelle comparaison entre l’homme, la substance même de l’homme, son âme, et le champ, le pré, l’arbre ou la vigne que la nature offrait dans le commencement également à tous, et que le particulier ne s’est approprié que par la culture, le premier moyen légitime de possession ? Qui est plus en droit que l’auteur de disposer de sa chose par don ou par vente ?Est-ce qu’un ouvrage n’appartient pas à son auteur autant que sa maison ou son champ ? Est-ce qu’il n’en peut aliéner à jamais la propriété ? Est-ce qu’il serait permis, sous quelque cause ou prétexte que ce fût, de dépouiller celui qui a librement substitué à son droit ? Est-ce que ce substitué* ne mérite pas pour ce bien toute la protection que le gouvernement accorde aux propriétaires contre les autres sortes d’usurpateurs ? Si un particulier imprudent ou malheureux a acquis à ses risques et fortunes un terrain empesté, ou qui le devienne, sans doute il est du bon ordre de défendre à l’acquéreur de l’habiter ; mais sain ou empesté, la propriété lui en reste, et ce serait un acte de tyrannie et d’injustice qui ébranlerait toutes les conventions des citoyens que d’en transférer l’usage et la propriété à un autre. (…) Continuer la lecture