Rousseau : Peut-on être insensible à la souffrance d’autrui ?

[§35] Il y a d’ailleurs un autre principe (…) qui, ayant été donné à l’homme pour adoucir, en certaines circonstances, la férocité de son amour-propre, ou le désir de se conserver avant la naissance de cet amour, tempère l’ardeur qu’il a pour son bien-être par une répugnance innée à voir souffrir son semblable. (…)  Je parle de la pitié, disposition convenable à des êtres aussi faibles, et sujets à autant de maux que nous le sommes ; vertu d’autant plus universelle et d’autant plus utile à l’homme qu’elle précède en lui l’usage de toute réflexion, et si naturelle que les bêtes mêmes en donnent quelquefois des signes sensibles. Sans parler de la tendresse des mères pour leurs petits, et des périls qu’elles bravent pour les en garantir, on observe tous les jours la répugnance qu’ont les chevaux à fouler aux pieds un corps vivant ; un animal ne passe point sans inquiétude auprès d’un animal mort de son espèce ; il y en a même qui leur donnent une sorte de sépulture ; et les tristes mugissements du bétail entrant dans une boucherie annoncent l’impression qu’il reçoit de l’horrible spectacle qui le frappe. (…)

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Hegel : L’art peut-il nuire au public ?

La question qui se pose est alors celle-ci : comment, par quels moyens l’art est-il capable d’exercer cette action adoucissante sur la primitive grossièreté ? D’où lui vient cette possibilité de discipliner les instincts, les penchants et les passions ? Quelques mots d’abord sur l’adoucissement des mœurs.

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Bergson : Le langage nous aide-t-il à mieux nous exprimer ?

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La trahison des images, de René Magritte (1929)

Nous ne voyons pas les choses mêmes ; nous nous bornons, le plus souvent, à lire des étiquettes collées sur elles. Cette tendance, issue du besoin, s’est encore accentuée sous l’influence du langage. Car les mots (à l’exception des noms propres) désignent des genres. Continuer la lecture