Voici les deux seuls textes où Aristote explique ce qu’il entend par purification (catharsis) :
La tragédie est la représentation d’une action noble, menée jusqu’à son terme et ayant une certaine étendue, au moyen d’un langage relevé d’assaisonnements d’espèces variées, utilisés séparément selon les parties de l’oeuvre ; la représentation est mise en oeuvre par les personnages du drame et n’a pas recours à la narration ; et, en représentant la pitié et la frayeur, elle réalise une purification (catharsis) de ce genre d’émotions.
ARISTOTE, Poétique, 6, 49b
Ce n’est pas en vue d’une seule utilité qu’il faut recourir à la musique, mais en vue de plusieurs (car elle est à la fois en vue de l’éducation et de la purification (catharsis)) (…). Car la passion qui assaille impétueusement certaines âmes se retrouve dans toutes, mais avec une différence de moins et de plus, ainsi la pitié, la crainte et aussi l’enthousiasme. En effet, certains sont possédés par ce mouvement, mais nous voyons que quand ces gens ont eu recours aux mélodies qui jettent l’âme hors d’elles-mêmes, ils sont ramenés, du fait des mélodies sacrées, à leur état normal comme s’ils avaient pris un remède et subi une purification. C’est donc la même chose que doivent subir ceux qui sont pleins de pitié aussi bien que ceux qui sont remplis de crainte, et d’une manière générale tous ceux qui subissent une passion et tous les autres dans la mesure où chacun a sa part dans de telles passions, et pour tous il advient une certaine purification, c’est-à-dire un soulagement accompagné de plaisir.
ARISTOTE, Politiques 1341b-1342a