Il est possible que de nombreux individus, dont aucun homme n’est vertueux, quand ils s’assemblent soient meilleurs que ceux qui sont meilleurs mais peu nombreux, non pas individuellement, mais collectivement, comme les repas collectifs sont meilleurs que ceux qui sont organisés aux frais d’une seule personne. Au sein d’un grand nombre, en effet, chacun possède une part d’excellence et de prudence, et quand les gens se sont mis ensemble de même que cela donne une sorte d’homme unique aux multiples pieds, aux multiples mains et avec beaucoup d’organes des sens, de même en est-il aussi pour les qualités morales et intellectuelles. C’est aussi pourquoi la multitude est meilleur juge en ce qui concerne les arts et les artistes : en effet, les uns jugent une partie, les autres une autre, et tous jugent le tout.
ARISTOTE, Politiques, 1281b
- Selon Aristote, comment peut-on passer d’individus non vertueux à une multitude vertueuse ?
- Quel type de relation s’instaure entre les individus lorsqu’ils sont rassemblés ?
- Dans quels cas réels trouve-t-on ce type de fonctionnement optimiste ? Est-ce toujours vrai ?